Mickael DHALLUIN, équipe de France Carabine 300 mètres
Michael, tu as
accompli une grande saison sportive, particulièrement au 60 balles couché.
Qu’as-tu changé dans ta préparation pour arriver à une telle progression de tes
performances ?
D’abord, j’ai beaucoup accentué mes efforts dans la
préparation physique (footings et musculation en plus des séances de l’insep)
car je voulais me mettre volontairement en difficulté pour reproduire les
conditions des grandes compétitions, afin d’y être mieux préparé. Ensuite, j’ai
fait pendant 6 mois des séances de cohérence cardiaque tous les jours jusqu’aux
grandes échéances, ce qui m’a grandement aidé à gérer mon stress (notamment en
finale) ; je me suis d’ailleurs trouvé par la suite bien plus serein et
maître de moi-même.
Mais je suis surtout plus « acteur » de mes
matches, je subis moins la pression maintenant, je fais en sorte de n’avoir
aucun regret à la fin, je donne tout quitte à prendre des risques, ce que je
n’osais pas faire avant.
Quel est le match qui
t’a le plus marqué ?
Ma victoire sur la coupe du monde de Munich. C’est un de mes
objectifs, j’y pense depuis tout petit ! J’en suis même venu à en rêver la
nuit. J’avais vu Valerian gagner Fort Benning quelques semaines avant, et
j’avais grandement envie de ressentir la même joie que lui. Sur la compétition,
les conditions météorologiques étaient exécrables mais par rapport à d’autres,
je m’étais préparé comme il fallait, notamment au niveau de mon matériel. Vu ce
que je tirais aux séances d’entrainement les jours avant, je m’étais fixé comme
objectif d’entrer en finale. Mais de là à rentrer 3e avant finale,
j’étais déjà surpris, vu le niveau habituel de la Coupe du monde de
Munich ! Puis en finale, je me trouvais plutôt tendu au début, même si les
essais m’ont tout de suite rassuré. On avait convenu d’une stratégie avec Eric
(Viller) qui a été payante pour la gestion de cette finale. Même si j’ai
commencé difficilement, j’ai pris garde à ne pas subir cette finale et je suis
resté sur des choses simples, ce qui a payé dès le 7e coup et m’a
permis de remporter la finale.
Cette victoire m’a donné encore plus de motivation pour le
reste de la saison, et j’ai compris à ce moment-là que tout était possible,
parce que si j’étais capable de gagner la coupe du Monde de Munich, alors je pouvais
gagner un tas de choses que je n’espérais même pas avant !
Donc finalement les
résultats lors des championnats d’Europe (ndlr: 12e au
60balles couché, 8e au 3X40) ne sont pas une surprise pour
toi ?
Non. Je suis déçu du couché, vu que je loupe de peu la
finale, mon objectif de la saison. Pour moi, j’étais capable de tirer mieux,
surtout vu mon état de forme du moment. Sinon, je suis satisfait de mon 3X40
avec un résultat correct pour moi (1168), dans ma moyenne haute. J’ai bien
progressé à genou où mes efforts consentis cette saison m’ont permis de gérer
dans ces moments difficiles (il faisait très chaud en finale). Donc je suis
satisfait de ces championnats d’Europe, surtout grâce à l’équipe. Tout cela est
très prometteur pou la suite.
Tu viens d’obtenir
une médaille de bronze aux championnats de France 300 mètres au 3×40, derrière
Valérian Sauveplane et Josselin Henry, deux excellents tireurs dans cette
discipline. Quels sont tes objectifs pour la finale de l’Europa Cup 2013 ?
Je ne fais que le 3X40 pour l’Europa Cup, donc mon objectif
est de décrocher une médaille au 3X40. Mais au-delà des résultats, mon objectif
principale dans cette compétition et de retrouver la dynamique et l’attitude
que j’ai mis en place toute cette saison, et que j’ai un peu perdu avec les
vacances.
Comment vois-tu
cette nouvelle saison 2013/2014 ?
Pour cette nouvelle saison je vais continuer sur ma lancée
avec plus de détermination. J’ai en ligne de mire les championnats du Monde
2014 où j’aimerai y participer dans toutes les disciplines, afin de pouvoir y
décrocher un quota Olympique. Je voudrais surtout confirmer ma victoire sur la
coupe du Monde de Munich ; travailler davantage mon comportement pendant
les matches.
Et à plus long
terme, quelles sont tes ambitions sportives ?
Une qualification pour les JO de Rio 2016 ; puis
intégrer le top 10 mondial, en 3×40 et au 60 balles couché. Puis bien sûr, être
champion Olympique !
Que conseillerais-tu
à tous les jeunes désireux de prendre le même chemin que le tien ?
Je leur dirais que tout conseil est bon à prendre, après
libre au tireur d’essayer et de conserver ce qui fonctionne pour lui. Sinon qu’ils
gardent bien à l’esprit que rien n’est impossible, de croire en leurs rêves et
aux objectifs qu’ils se fixent. Car leurs efforts finiront immanquablement par
payer un jour !
Merci Michael, et
bonne chance pour la suite !
Olivia GOBERVILLE, équipe de France Carabine 300 mètres
Olivia, tu viens de
réaliser une très belle performance avec cette médaille de bronze ; comment
as-tu vécu ce match ?
Difficile, beaucoup de mal à oser appuyer, donc j’ai fait
beaucoup de reprises de visées… Je n’ai pas eu trop de mal à gérer le vent,
mais je me suis douté qu’il y avait des mirages donc j’ai privilégié les visées
courtes, car je savais que si je faisais une visée longue, il y aurait plus de
chances qu’elle soit dans le 9.
Tu es devenue
récemment vice-championne d’Europe à Osijek, ce résultat n’est-il pas
finalement la suite logique ?
Oui effectivement, je n’ai pas eu l’occasion de monter
souvent sur les podiums européens, donc je suis vraiment contente par rapport à
ça !
Etait-ce une
surprise ?
Non, en termes de score ce n’était pas exceptionnel pour moi,
par contre j’ai été étonnée de me retrouver aussi bien placée.
Quelles sont tes
ambitions pour la saison à venir ?
Mon objectif principal est de me qualifier pour les
championnats du monde, après je n’ai pas d’objectif plus précis, je tâche de
rester sur ce que je sais faire et j’essaie de prendre du plaisir quand je
tire, pour moi c’est le principal.
Peut-on savoir comment
tu es venue au 300 mètres ?
Par mes parents. Je voyais ma grande sœur faire ses premiers
résultats à 50 mètres, ce qui m’a donné envie de m’y mettre aussi. Comme mon
père, ma mère et ma sœur tiraient aussi à 300 mètres, j’ai également essayé
quand j’avais 15 ans et depuis je n’ai pas loupé une seule saison à 300
mètres !
Qu’est-ce qui
t’attire particulièrement au 300 mètres ?
Les sensations procurées par le recul, la réaction d’arme. Ca
change un peu du 50 et du 10 mètres. Sinon aussi le fait que ça soit plus accessible
au niveau des points. Je me sens plus motivée à faire des choses à 300 mètres
qu’à 50 mètres par exemple.
Que conseillerais-tu
aux jeunes qui hésitent à essayer le 300 mètres ?
Les armes 300 mètres sont plus précises et reculent plus au
départ du coup, donc il faut faire plus corps avec l’arme, ce qui est un peu
différent du 50 mètres dans ce sens. Il ne faut pas avoir peur et ne pas
hésiter à se lancer pour essayer.
Selon toi, que
faudrait-il faire pour développer la pratique du 300 mètres en France ?
Déjà il faudrait plus de stands 300 mètres en France, car il
y en a vraiment très peu actuellement. Il faudrait que la discipline soit plus
abordable financièrement, car cet aspect en rebute plus d’un ; ensuite il
faudrait faire des évènements pour donner l’occasion aux gens d’essayer le 300
mètres. Je sais que mon père a fait le grand prix de Picardie: un
concours où les gens peuvent tirer à 50 mais aussi à 300 mètres, et on peut
cumuler les résultats des 2 distances. Il faut aussi que les clubs fassent des
journées d’initiation au 300 mètres, en prêtant les armes et en fournissant les
munitions.
Que penses-tu de
l’idée de créer un match regroupant des binômes S2-jeune ou S3-jeune,
indépendamment des clubs ?
Oui, c’est une bonne idée, peut-être qu’on pourrait également
faire des binômes anciens-novices (anciens de par l’expérience et l’ancienneté
dans la pratique) car je pense qu’ils sont à même de pouvoir expliquer aux
jeunes le 300 mètres.
Merci Olivia, et
encore bravo à toi !