Stéphane CLAMENS : « Regonflé à bloc ! »
Du 14 au 25 septembre 2013, les meilleurs tireurs du globe seront à Lima, au Pérou, pour disputer les championnats du monde de tir sur plateaux. Stéphane CLAMENS, auteur jusqu’ici d’une très belle belle saison 2013, avec, notamment, une victoire en Coupe du monde, un record de France et une médaille de bronze par équipe aux championnats d’Europe, s’y rendra sans pression mais avec l’envie certaine de décrocher un nouveau podium international…
Comment te sens-tu à l’approche des championnats du monde de Lima ?
Serein. Le fait d’avoir fait de bons résultats cette saison y contribue. C’est vrai que ce mois et demi de battement entre les championnats d’Europe et les championnats du monde est un peu long et difficile à gérer. Autant de coupures entre ces deux compétitions est inhabituel, tout comme le fait de tirer en septembre. En général, ces échéances internationales s’enchaînent à une quinzaine de jours d’intervalle. Bien souvent, les compétitions se terminent fin juillet même. Cette année, il faut pousser jusqu’à fin septembre, mais nous avons planifié la saison en fonction de cela.
Nous avons fait un bon travail avec l’ensemble du staff afin de ne pas commencer trop tôt et de tenir jusqu’à fin septembre, et même jusqu’à la finale de la Coupe du monde fin octobre.
Autant de semaines entre les championnats d’Europe et du monde permet-il de peaufiner les réglages ou, au contraire, cela fait-il perdre le rythme ?
Lorsque tu réalises deux grosses compétitions de suite avec des scores de 123 et 124, tu as envie d’enchaîner (rires) !
Cette coupure, pour moi, c’est plutôt un inconvénient sur ce coup-là…
Comment as-tu vécu la médaille de bronze par équipe, obtenue aux championnats d’Europe, en août, avec Antonin DESERT et Kévin GAILLARD ?
Nous étions très contents. Cela faisait longtemps que nous n’étions plus montés sur le podium.
Il faut dire aussi que l’équipe a beaucoup changé ces dernières années. Kévin est très jeune et vient d’intégrer le groupe. Antonin en est à sa 4e année à la fosse olympique. J’avais mes habitudes avec les vieux briscards, Jean-Pierre (CHAVASSIEUX) et Yves (TRONC). Le bémol sur cette compétition c’est qu’il nous manquait un seul plateau pour être champion d’Europe. C’était très serré. Un léger goût amer donc…
Mais bon, nous avons le bronze, notre première médaille à tous les 3. Nous sommes globalement satisfaits.
Cette discipline se joue souvent à des petits riens… Qu’est-ce qui peut faire la différence à très haut niveau ?
Un point d’écart, comme aux championnats d’Europe, c’est tout de même assez rare. Sinon, au haut niveau, tout le monde sait tirer. La différence se fait au mental. C’est la réelle inconnue. Plus tu as de l’expérience et plus tu as de chances de mieux gérer les moments importants. Les jeunes doivent faire leurs armes et emmagasiner de l’expérience pour passer des caps.
Quel rôle jouent les anciens comme toi, avec tes 4 Olympiades, auprès des jeunes dans le groupe France ?
J’entraîne les juniors depuis 2-3 ans, notamment Kévin GAILLARD et Vincent TACHIN, qui ont intégré le groupe France récemment. Je m’attache à leur prodiguer des conseils sur la technique mais surtout sur l’approche de la compétition, la gestion des pensées parasites qui sont souvent des obstacles au résultat.
Nous discutons souvent ensemble, et, je pense qu’ils ont confiance en moi. C’est très important. J’essaie de leur faire partager mon expérience et cela se passe super bien. Je suis vraiment content. J’avais ces 2 jeunes en stage, les 2 ont intégré le collectif France. C’est une grosse satisfaction pour moi.
Entraîneur… Est-ce une voie dans laquelle tu te verrais poursuivre une fois ta carrière de tireur terminée ?
Pourquoi pas. Cela dépendra surtout de la relation avec le staff et le DTN. Cela nécessite de la confiance mutuelle. Avec Gilles MULLER, cela se passe super bien. Nous avons la chance d’avoir un DTN qui a été tireur et entraîneur. Il sait de quoi il parle et cela n’a pas de prix. De toute façon, cela se ressent au niveau des résultats du groupe.
T’es-tu fixé un objectif précis pour Lima ?
Il faut savoir que nous avons avant tout planifié la saison pour les championnats d’Europe. Lima, c’est l’inconnue. Cela fait 20 ans que nous n’avons pas tiré là-bas. Je n’y suis jamais allé pour ma part. Nous avons des difficultés d’approvisionnement de cartouches. A l’heure actuelle, je ne suis même pas sûr de pouvoir emmener les miennes. Pour toutes ces raisons, l’objectif de début de saison était le championnat d’Europe. Du coup, je me rends au Pérou sans pression.
Ma saison est très bonne jusqu’ici donc on verra. Mais nous allons essayer de faire au mieux, notamment par équipe où nous avons un gros potentiel. Nous avons battu la meilleure équipe au monde, l’Italie, donc nous n’avons pas à rougir de quoique ce soit. Si nous tirons à notre niveau, il n’y aura aucun souci.
Envisages-tu de poursuivre jusqu’à Rio ?
Il y a nécessairement des hauts et des bas au cours d’une saison. Des fois, je me dis qu’il faut que j’arrête et que j’essaie d’entraîner plus… Puis il suffit de gagner une Coupe du monde, comme à Grenade (Espagne) et de faire un 123 pour que cela reparte comme en 40 !
Et puis derrière 124 aux championnats d’Europe, avec le record de France à la clé. Là, je suis regonflé à bloc. Après, les saisons se suivent et ne se ressemblent pas forcément. C’est le haut niveau…
Quelles sont, pour toi, les 3 qualités indispensables pour être un bon tireur ?
Je dirais technique, concentration et confiance.
Comment donnerais-tu envie aux gens de pratiquer le tir sportif ?
Une chose est sure : lorsque l’on fait du tir, quel qu’il soit, on oublie tout le reste, les tracas de la vie, les soucis… On est dans une bulle.
Le moment que l’on passe à tirer, on est à 100% dedans. Emmenez n’importe qui tirer, il ne verra pas le temps passer et se rendra compte qu’il n’aura pensé à rien d’autre. Cette discipline nécessite un gros travail sur soi et permet d’apprendre à mieux se connaître.
@franceolympique.com